En effet, il s'avère assez difficile de trouver du temps en commun avec les khmers en semaine: la journée le travaille nous monopolise tous, et le soir n'est pas du tout adapté (cours du soir, obligations familiales, plus "couvre-feu" obligatoire souvent vers 20h30, surtout pour les filles...). Et puis les brunchs ou autres déjeuners dans des appartements ne permettent pas non plus de faire venir trop de personnes, et le temps imparti est trop court!
Ce n'était pas gagné d'avance néanmoins. Car si difficulté il y a pour nos amis khmers à sortir "tard" le soir, que dire de passer tout un week-end en dehors du domicile familial! Qui plus est avec une bande d'expatriés débauchés ;-)
Heureusement, Silvère, notre (bientôt ex) logisticien de choc a su trouver les arguments convaincants:
- Bungalows séparés pour les filles et les garçons
- Ambiance familiale garantie
- Transport pris en charge
- Prix tout à fait modeste (le Centre ayant décidé de prendre en charge une bonne partie des frais pour eux)
Et ça a marché!
Du coup, départ du Centre à 7h du matin le samedi en minibus climatisés rutilants (avec même pas tous les sièges occupés, et personne sur le toit, le grand luxe quoi!) pour quelques heures de route vers le golfe de Thaïlande.
Ambiance "sommeil à rattraper" côté expats, peu habitués aux réveils aussi matinaux, et studieuse côté khmers: radio avec commentateur politico-comique qui comparaît les conditions de vie et les passe-droits des riches par rapport aux plus modestes, et lecture de journaux.
Mais en y regardant de plus près, on voit que Meak était très concentré sur un article "culturel"...
Arrivé au bord de mer, arrêt dans des cahutes-restaurant pour nous restaurer avant de prendre le bateau amarré juste derrière.
La cuisine est sommaire dans cette cahute en bois, mais on peut y découvrir les multiples usages du "four" khmer.
Ce four est en fait une sorte de gros pot de fleur à la paroi très épaisse (2 ou 3 cm). Il en existe plusieurs variantes au niveau des rebords (suivant je pense son usage), des prises d'air pour attiser le feu, et de la récupération des cendres tout en bas.
Le modèle et l'usage le plus courant que j'avais déjà vu a de multiples reprises consiste simplement à l'utiliser comme un barbecue: du bois ou du charbon dedans, les grillades posées sur une grille installée dessus.
Ceux que l'on voit ici servent plutôt de cuisinière. Les rebords permettent d'y déposer des marmites, une théière ou un wok.
Il existe même des modèles spécialement développés par une petite ONG dont le but consiste à réduire au maximum la consommation du combustible, à la fois pour faire faire des économies aux familles modestes, mais aussi pour réduire la déforestation (un fléau au Cambodge), et bien sûr minimiser la production de gaz à effet de serre. La prochaine génération en préparation devrait permettre d'utiliser des déchets recyclés comme combustible et produire du gaz... je n'ai pas tout compris, mais j'espère en apprendre plus prochainement sur ce projet, ainsi que sur un autre qui vise à remplacer les lampes à pétroles par des lanternes à LED.
Pendant que nous sommes dans la cuisine, voici un autre ustensile courant au Cambodge: un réchaud à soupe fonctionnant à la braise. L'intérieur est rempli de braises par la cheminée centrale, et le pourtour contient la soupe qui continue donc de mijoter à table!Pendant que les mets se préparent en cuisine (tout est fait à la demande, pas de surgelé ou de micro-ondes!), on peut se prélasser dans tout un parc de hamacs avec vue sur la mer. Je sais, la vie est trop dure!
Les enfants des commerçants s'amusent avec 3 fois rien, le jouet le plus élaboré étant une vieille poupée à l'esthétique d'un autre âge, à la plastique fort peu asiatique et à l'aspect général particulièrement délabré. On est loin de la XBOX 360!
Les rencontres désagréables sont rares au Cambodge (enfin excepté les rats et cafards qui sont légions sur les trottoirs la nuit!), mais sur le tronc de l'arbre occupant le centre de la cabane, nous avons fait connaissance avec ce petit spécimen local de scorpion, un peu plus gros que l'espèce méditerranéenne que je connaissais, et à la tenue de camouflage particulièrement adaptée. Je ne sais pas si cette espèce est venimeuse ou pas.
Une petite heure plus tard, branle bas de combat: soupe de crevettes, crevettes grillées, crabes rissolés, calamars sautés, ... un délice!
Ensuite, embarquement immédiat à bord d'un unique bateau. 17 personnes à bord, plus le barbecue, la glacière...
Peu de gilets de sauvetage, mais Lida s'est immédiatement équipée pour la traversée des éléments déchaînés. Bopha (plus sereine???) opte quand à elle pour une petite sieste.
La propulsion est assurée par 2 antiques moteurs dégoulinants de graisse noire et récalcitrants au démarrage, mais qui finiront par se résigner non sans protester à grand renfort de fumée noire.
Durant la traversée, le vent a forci, et dans les zones exposées entre 2 îles, le bateau a commencé à embarqué pas mal d'eau, arrosant au passage copieusement les personnes les plus à l'avant, qui venait s'ajoutée aux filets d'eau continus dégoulinants à de nombreux endroits entre chaque planche. A l'arrivée à l'île, nos pieds baignaient sur le planché du bateau, pourtant surélevé d'au moins 30 cm par rapport au fond de la coque! Il était temps d'arriver. Au retour, nous découvrirons stupéfaits qu'en fait une deuxième personne est normalement à bord pour actionner une pompe manuelle qui vide au fur et à mesure l'eau qui pénètre dans le bateau. Mais à l'aller, cette personne avait trouvé plus intéressant de s'installer à la proue du bateau pour discuter avec les 2 khmers qui s'étaient installés là!
Kho Russeï, alias l'île aux bambous, est une île militaire, car elle est la dernière terre cambodgienne à proximité du voisin vietnamien toujours redouté. Elle héberge ainsi des baraquements de militaires qui entretienne quelques canons de fort calibre.
Un australien a négocié avec eux le droit d'installer une dizaine de bungalows sur pilotis très sommaires: tout en bois, deux lits et une ampoule au plafond. 2 douches et toilettes communes sans eau courante, et un vaste bungalow bar/restaurant. Le tout sur une plage de sable blanc bordée de cocotiers, de sortes de pins, ...
Le sable est assez étrange, car quand on marche dessus un peu fort, il grince sourdement et fortement, ce que je n'ai jamais observé ailleurs. Un groupe électrogène assure de l'électricité jusqu'à 22h30. Après cela, plus rien d'autre que le vent, les vagues et les étoiles! D'ailleurs, la nuit venue, un autre phénomène étrange s'est manifesté sous la forme de microscopiques micro-organismes planctoniques phosphorescents ramené par les vagues sur la plage. Ils étaient peu nombreux ce soir là, mais ça et là, de petits points lumineux bleus pâles palpitaient lentement sur le sable. Il paraît que parfois il y a des bancs entiers qui éclairent l'eau.
Le soir, la nuit tombée, nous avons fais un barbecue sur la plage au pied des bungalows. Nous avons enfin eu l'occasion de discuter avec nos collègues khmers, et de parler tranquillement d'autre chose que du boulot. Un thème qui nous intrigue aussi bien eux que nous, ce sont évidemment les relations garçons/filles. Ils nous ont raconté assez librement les contraintes de leurs traditions, la surveillance étroite de la famille, les mariages arrangés... Ils étaient aussi intrigués par la liberté des occidentaux, un mélange d'envie et de rejet tellement nos habitudes sont loin des leurs. Pensez, même une bise sur la joue ou le simple fait de toucher une personne sont considérés comme des gestes osés!
Nous avons bien discutés, bien ris aussi, notamment un peu plus tard lorsque je les ai initiés au jeu de cartes "Jungle Speed". J'ai envie de dire que c'est une sorte de tradition instaurée par mon ex colocataire Delphine qui m'a appris à y jouer lorsqu'elle était ici au Cambodge. Quand elle rentrée en France, elle m'a laissé le jeu avec pour consigne de perpétuer la tradition des parties endiablées. J'ai donc voulu commencé ce soir là. Lors des explications et de la première partie, les visages étaient plutôt dubitatifs. Mais dès les premiers tours, ils se sont tous très vite pris au jeu. Un vrai bonheur! Quelle rigolade, d'autant que certaines se sont avérées, sous leur air de sainte ni touche, de sacré roublardes pour essayer de gagner!
Cette soirée a vraiment été formidable, et elle a permis de créer des liens autres que professionnels, et d'instaurer une atmosphère plus détendue qui s'est ressentie au travail dès le lundi suivant.
Le lendemain, chacun a profiter à sa manière de ce dimanche de détente:
un peu de repos...
Des jeux plus sportifs pour d'autres. C'est étonnant comme les khmers restent joueurs malgré leur âge.
Ils ont de 24 à 30 ans environs, mais continuent à prendre plaisir à jouer à des jeux que l'on abandonne probablement dès le collège chez nous! Par exemple, ils jubilent en jouant à des variantes de chat perché ou autre, comme le "3 + 1" où une personne doit parvenir à en toucher une autre avant qu'elle ne parvienne à se réfugier devant un groupe de 2 autres, celle la plus derrière devenant alors à son tour la proie à pourchasser. Je dois dire que j'adore l'idée de garder cet esprit d'enfant joueur, on a bien assez d'occasion d'être sérieux par ailleurs! Mais j'ai malgré tout eu du mal à suivre leur rythme: courir comme un dératé devant ou derrière quelqu'un dans le sable mou et sous un soleil presque au zénith m'a vite mis sur les rotules, à bout de souffle. C'est plus de mon âge ces conneries ;-)
Mais une fois encore, toutes les bonnes choses ont une fin, et ce formidable week-end n'y a pas échappé!
Une petite photo de groupe avant de repartir:
A l'arrière, en partant de la gauche: Meak, Maud, Anne-Sophie (à moitié cachée), Samia, Bunchheang, Céline (aussi un peu cachée) et moi.
Au milieu, Ratani (avec les rayures), Aurélie, Lida, ??? (la femme de Bunchheang), Sylvia, Aurélie.
Et devant: Silvère, Bopha et Noy.